CE QUI N’EN VEUT PLUS, D’ÊTRE CONTENU

Pour écrire puissance et vulnérabilité en même temps, tenter de capter se qui s’opère dans le choc entre lignes courbes et lignes droites : un texte écrit le 23 novembre 2024 lors de l’atelier d’écriture « Ce qui déborde, ce qu’on peine à contenir » animé par Géraldine Milanese 💚 (geraldinemilanese.com).

22 ans, « et toute la vie devant toi », lui dit-il. Cette vie comme un fleuve qui pourrait tout charrier. Mais les rivières coulent par le milieu, se dit-elle, et dans son milieu il y a ce barrage. Des mots interdits, repris avant d’atteindre la langue, gouttes qui ruissellent discrètes au carreau de la fenêtre et s’arrêtent avant d’arriver jusqu’en bas. En bas, il y a la Meurthe, contenue à grands renforts de canaux. Pour le grain qui enveloppe en lui-même l’amidon de sa propre justification. Il faut bien déplacer le blé. Il faut bien manger, quitte à enserrer l’eau dans des mâchoires d’acier. Elle déteste cette façon qu’il a de la bloquer en tenant son poignet. « Calme. Toi. » Longtemps, elle a cru que c’était pour son bien, transformant la gêne résiduelle en cette capacité à sentir son cœur battre dans sa veine à ce moment précis, à cet endroit précis. Le sang coule-t-il aussi par le milieu ? Visqueux. Brunâtre, limoneux. Il y en a qui naviguent sous les étoiles en faisant fi des quatre vents. Doux ou brûlants, déplaçant les pluies d’or autant que les stratus multicolores. Nuages noirs désespoir passeront, pense-t-elle. Elle veut être de ceux-là. De celles-là, qui savent faire ça, laisser passer les cumulonimbus. Gelée, l’eau de la rivière crée des zones de passage. Ces traversées glissées la rendent ivre de joie, rives qui se touchent à nouveau sans avoir rien détruit, bords qui se touchent comme deux mots qui en forment un troisième en innocente malice. Sang dans ses veines. Sur sa peau cette main. Sang. Sur. Il n’y aura plus de censure désormais, la goutte de ses peurs a finalement atteint le bas du carreau de la fenêtre. Rejointe par d’autres, elles ont formé un ru invisible et puissant. Elle ne craint plus de souffrir. « Je me calme mais écoute-moi » lui dit-elle. Cette fois, c’est elle qui plante ses yeux dans les siens. « Écoute-moi et réponds-moi : ce monde ne sait que faire de la colère des femmes, n’est-ce pas ? » – Elise Levinson aka ibrida folia

🌳 La démarche d’art écologique : http://www.ibridafolia.art

✍ Avec vous ? : https://www.revolution-relationnelle.com/coaching

Votre commentaire ici :

Je souhaite être prévenu.e de chaque nouvelle publication, et recevoir en cadeau :
- l'atelier d'écriture "À la recherche du temps perdu"
- le PDF du jeu de cartes de la Révolution Relationnelle